La solidarité dans la Bible

La solidarité dans la Bible

La solidarité et la compassion sont des thèmes fondamentaux dans la Bible. Ils découlent d’un amour profond et d’une empathie vive avec la souffrance des autres.C'est la "Miséricorde". Comme le dit la Parole, Dieu est amour, et il veut que ses créatures reflètent cet amour en aimant leur prochain. Selon 1 Jean, si nous disons aimer Dieu mais que nous ne nous aimons pas les uns les autres, nous sommes des menteurs (1 Jean 4.20). En revanche, « si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour se manifeste parfaitement en nous » (1 Jean 4.12, BFC*). L’Écriture sainte est radicale en la matière. Dans l’Évangile de Marc, elle contient même une affirmation – qui passe souvent inaperçue – selon laquelle le commandement d’aimer Dieu et notre prochain est plus important que tous les sacrifices et toutes les offrandes que nous pourrions faire (Marc 12.33). Les prophètes en avaient déjà dit autant concernant l’exercice de la solidarité envers les personnes dans le besoin (Esaïe 58.5-8).

La lettre de Jacques : 

la solidarité, expression d’une foi salvatrice

Dans cette réflexion biblique, nous nous concentrerons sur la lettre de Jacques. C’est une lettre qui est souvent négligée, mais qu’il est impératif de sortir de l’oubli en raison de sa pertinence par rapport à notre thème. On a l’impression que, dans le monde actuel, le fait que des personnes meurent de faim ne constitue plus un scandale. La lettre de Jacques est adressée aux communautés de Juifs en migration, vivant dans la dispersion, loin de Jérusalem. Leur situation est loin d’être facile puisqu’ils vivent dans une société qui est hostile à leur égard parce qu’ils sont Juifs, chrétiens et étrangers. De plus, cette société invite ses membres à suivre des valeurs qui sont contraires à l’enseignement de Jésus. Certains d’entre eux sont éprouvés par des difficultés financières (2.15-16) tandis que d’autres ne cessent de manigancer pour accroître leurs gains (4.13). Jacques, en tant que dirigeant de l’Eglise de Jérusalem, écrit à ces communautés pour les motiver et les exhorter à suivre les valeurs de la tradition judéo-chrétienne.

Un des thèmes principaux de la lettre est la solidarité et la compassion comme expression d’une foi salvatrice. Jacques l’annonce en 1.27 et le développe au chapitre 2 en l’étayant d’exemples concrets. En 1.27, il déclare : « La religion pure et sans tache devant Dieu, le Père [c’est-à-dire la piété ou la spiritualité authentique valable devant Dieu], la voici : visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse ; se garder du monde pour ne pas se souiller. » Dans la Bible, les orphelins et les veuves sont les représentants des personnes les plus démunies puisqu’ils n’ont personne pour pourvoir à leurs besoins et les protéger. À cette époque-là, c’était à l’homme de la maison, au mari et père, qu’incombait la responsabilité de la famille. Il est intéressant que Jacques présente ici Dieu sous les traits du Père, c’est-à-dire comme celui qui a la responsabilité de prendre soin d’eux. « Visiter » signifie ici prendre soin, donner ce qui est nécessaire au bien-être. Jacques est radical ; pour lui, cette forme de solidarité est l’expression d’une spiritualité authentique. Et c’est en parfaite cohérence avec la tradition puisque le prophète Esaïe interroge déjà « ouvrir ta maison aux orphelins et aux veuves, et partager ton pain avec eux, n’est-ce pas me rendre un culte ? ».

Une solidarité radicale

L’appel à la solidarité du chapitre 1 est développé au chapitre 2, où Jacques lui donne un fondement théologique. Ce chapitre présente deux exemples concrets de la solidarité, en lien avec la compassion. Dans le premier, il s’agit du mépris ou de la discrimination des pauvres (2.1-5) au sein de l’assemblée. Jacques nous invite à ne pas faire preuve de favoritisme. Si un homme aisé portant une bague d’or et des vêtements magnifiques rejoint l’assemblée en même temps qu’une personne pauvre aux vêtements usés et peu soignés, Jacques nous incite à ne faire subir aucune discrimination à la personne pauvre. Donc à ne pas manquer d’offrir un siège au pauvre ou l’obliger à s’asseoir par terre tout en proposant une bonne place à la personne aisée. Pareille attitude était courante dans la société gréco-romaine. Celle-ci fonctionnait selon le paradigme dit de l’honneur et de la honte. Les personnages importants devaient être honorés. Il était inadmissible de ne pas leur accorder la meilleure place puisque cela revenait à leur faire honte. Ces valeurs étaient les valeurs du monde, de la société ambiante. Cependant, ces valeurs n’avaient pas leur place dans l’enseignement de Jésus. Et elles étaient contraires à la tradition judéo-chrétienne, qui soutient que nous sommes tous égaux aux yeux de Dieu et qui met en avant les personnes de condition modeste (Jacques 1.9-10 ; 2.5 ; 5.1-6). Pour Jacques, les destinataires de sa lettre ne doivent pas se laisser souiller par les valeurs de la société gréco-romaine dans laquelle ils vivent en immigrés.

L’autre exemple concret se trouve en 2.15-16, où il s’agit de la solidarité entre frères et sœurs au sein même de l’assemblée. Pour Jacques, si un frère ou une sœur n’a rien à se mettre pour se protéger du froid ou pas de quoi manger, et qu’un autre frère lui souhaite le shalom en disant « Va en paix, mets-toi au chaud et bon appétit » sans agir en lui fournissant par solidarité ce dont il a besoin, ce frère ne manifeste pas une authentique foi salvatrice ; sa foi est fausse, elle est inutile. Jacques est radical : pour lui, celui qui est indifférent n’est pas un frère dans la foi même s’il affirme être chrétien. Pour Jacques, la foi authentique va de pair avec des actions bonnes telles que la solidarité avec les démunis. Au début du verset 14 (BFC), il déclare : « Mes frères, à quoi cela sert-il à quelqu’un de dire : “J’ai la foi”, s’il ne le prouve pas par ses actes ? Cette foi peut-elle le sauver ? » Ce texte nous fait comprendre que les actions bonnes, telles que celles accomplies dans un élan de solidarité, ne constituent pas une sorte d’accessoires par rapport à la foi ou des choses que tout chrétien devrait simplement veiller à pratiquer ; elles constituent bien plutôt un élément inhérent à notre foi. Voilà le fondement de la radicalité de Jacques. Et il s’applique à tout être humain, y compris à des personnages comme Abraham, le père des croyants (2.23-25), ou Rahab, une étrangère, femme de mauvaise réputation (2.25). Aux yeux de Dieu, la foi authentique qui compte est celle qui va infiniment plus loin que la confession « je crois qu’il y a un seul Dieu ». Jacques affirme que les démons le croient aussi, et qu’ils tremblent de peur (2.19, BFC). C’est pourquoi, souligne-t-il, la foi qui ne s’accompagne pas d’actes concrets, d’une attitude de solidarité, est une foi morte (2.14, 17, 26). Et une foi morte n’est pas salvatrice, ce n’est pas une foi qui sauve.

Une approche moins radicale chez Paul ?

La radicalité de ces affirmations a valu à la lettre de Jacques de susciter des débats permanents. Selon les déclarations de Paul, auxquelles nous sommes davantage habitués, nous sommes sauvés par la foi et non par les actes. Tout acte bon est considéré comme important et facultatif à la fois. Or cette lecture du discours de Paul est erronée. Lorsque Paul met en parallèle la foi et les actes, il vise les œuvres de la loi – la circoncision, l’observance de certains jours, l’abstinence de certains aliments, etc. – c’est-à-dire la loi rituelle. Jacques quant à lui, lorsqu’il évoque les actes comme une partie intégrante de la foi, vise les actes non rituels, l’amour de notre prochain (2.8). Il fait allusion non seulement à la Torah, mais aussi à l’enseignement de Jésus tel qu’il est rapporté en Matthieu 22.39-40. Paul affirme par ailleurs que la loi tout entière trouve son accomplissement en cet unique commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Galates 5.14, TOB). Il est important de remarquer que Jacques n’oppose pas la foi et la loi, mais la foi véritable et la foi fausse. Dans ce sens, Paul et Jacques ne sont pas en contradiction. Pour Paul, la foi agit par l’amour (Galates 5.6), et leur fruit, qui provient de l’Esprit, se manifeste dans des actions bonnes. En nous souvenant que Jacques et Paul rédigent leurs lettres à des moments différents, et pour des communautés et des situations différentes, nous comprenons que les accents différents sont fonction de la situation du public respectif de chacun.

La cohérence et l’intégrité de la foi

La lettre de Jacques pose également les questions de la cohérence et de l’intégrité. Vivre la solidarité, c’est être cohérent dans sa foi en Jésus-Christ et être sincère. Pour Jacques, ce que je dis doit se voir dans mes actes et mes attitudes. Plusieurs passages invitent à la cohérence. Par exemple, si nous nous contentons d’écouter la Parole sans la mettre en pratique, à quoi sert-elle ? On ne peut pas se satisfaire de l’écouter seulement (1.22) ; si nous affirmons avoir la sagesse de Dieu, mais que notre manière d’agir et d’être reflète seulement notre ambition personnelle, notre esprit de rivalité et de dispute, cette sagesse est fausse. Elle ne vient pas de Dieu, ce n’est pas une sagesse « d’en haut » mais elle calque les valeurs terrestres (3.13-15). Si nous bénissons Dieu et qu’avec la même langue nous maudissons les êtres humains, nous mentons, et c’est comme si nous maudissions Dieu, car les êtres humains sont créés à l’image de Dieu (3.9). C’est pourquoi il affirme en 1.26 : « Si quelqu’un se croit religieux sans tenir sa langue en bride, mais en se trompant lui-même, vaine est sa religion. » En effet, comme Jacques le dit lui-même, « la source produit-elle le doux et l’amer par le même orifice ? » (3.11-12).

Une société mondialisée

Notre monde actuel est très attractif et séduisant, mais il constitue un piège et nous éloigne de la solidarité. Le consumérisme s’est intensifié au point de libérer la convoitise, le côté sombre de notre cœur, ce qui conduit au péché et à la mort (1.15). Posséder davantage de biens et d’honneurs devient une condition pour accéder à la dignité humaine, sans aucun égard pour les conséquences que cela entraîne pour l’environnement et pour autrui. Trop souvent, nous oublions que la dignité humaine est conférée par grâce et que le fait de prendre soin les uns des autres montre que nous sommes des disciples de Jésus. Jacques avait déjà lancé une mise en garde dans sa lettre, qui remonte au 1er siècle de notre ère, par ces paroles : « Vous désirez quelque chose, mais vous ne pouvez pas l’avoir, et alors vous êtes prêts à tuer ; vous avez envie de quelque chose, mais vous ne pouvez pas l’obtenir, et alors vous vous lancez dans des querelles et des conflits. Vous n’avez pas ce que vous voulez » (4.2, BFC). C’est pourquoi Jacques exhorte les membres de la communauté à une conversion sérieuse et cohérente afin de devenir véritablement des amis de Dieu et non du monde (4.4-10). L’état déplorable de cette société mondialisée nous rend indifférents et nous détourne de la solidarité, de l’amour de Dieu, et de notre prochain.

Et nous ?

Chacun d'entre nous dans nos pays respectifs, est responsable de son prochain, nous n’échappons pas à cette regle. Il est donc important de nous soumettre à un examen autocritique tant en ce qui concerne notre manière d’assumer notre responsabilité en termes de solidarité qu’en ce qui concerne la responsabilité que nous devons endosser en tant que citoyens d’une seule et même communauté universelle. En tant que disciples de Jésus, menons cette réflexion avec sincérité et pureté de cœur.


Solidarité des croyants (Actes 4.32-5.11)

32 La foule de ceux qui avaient cru n'était qu'un coeur et qu'une âme. Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils mettaient tout en commun. 33 Avec beaucoup de puissance, les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grande grâce reposait sur eux tous.
34 Il n'y avait aucun nécessiteux parmi eux: tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu'ils avaient vendu 35 et le déposaient aux pieds des apôtres; et l'on faisait des distributions à chacun en fonction de ses besoins.
36 Joseph - celui que les apôtres surnommaient Barnabas, ce qui signifie «fils d'encouragement» -, un Lévite originaire de Chypre,
37 vendit un champ qu'il possédait, apporta l'argent et le déposa aux pieds des apôtres. 5 Cependant, un homme appelé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété
2 et garda une partie du prix, en accord avec sa femme. Il apporta le reste et le déposa aux pieds des apôtres. 3 Pierre lui dit: «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ?
4 S'il n'avait pas été vendu, ne te restait-il pas? Et, après l'avoir vendu, n'avais-tu pas le droit de disposer du prix? Comment as-tu pu former dans ton coeur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»
5 Quand Ananias entendit ces paroles, il tomba et expira. Une grande crainte s'empara de tous ceux qui l'apprirent.
6 Les jeunes gens se levèrent pour envelopper le corps, puis ils l'emportèrent pour l'enterrer.
7 Environ trois heures plus tard, sa femme entra sans savoir ce qui était arrivé. 8 Pierre lui adressa la parole: «Dis-moi, est-ce bien à ce prix que vous avez vendu le champ?» «Oui, répondit-elle, c'est à ce prix-là.» 9 Alors Pierre lui dit: «Comment avez-vous pu vous mettre d'accord pour provoquer l'Esprit du Seigneur? Ceux qui ont enterré ton mari sont à la porte et ils vont t'emporter, toi aussi.»
10 Elle tomba immédiatement aux pieds de l'apôtre et expira. Quand les jeunes gens rentrèrent, ils la trouvèrent morte et l'emportèrent pour l'enterrer à côté de son mari.

11 Une grande crainte s'empara de toute l'Eglise et de tous ceux qui apprirent ces événements.


La paix soit avec vous.

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